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Légende

Paul Celan Photo Gisèle Celan-Lestrange

Paul Celan, Le Méridien

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Rencontre organisée à l’occasion de la création du spectacle Le Méridien, spectacle de et avec Nicolas Bouchaud, d’après le texte de Paul Celan, au Théâtre du Rond-Point du 25 novembre au 27 décembre 2015, dans le cadre du Festival d'Automne à Paris

Événement enregistré

Avec la participation de Nicolas Bouchaud, comédien ; Bertrand Badiou, éditeur et traducteur de l’œuvre de Paul Celan en France ; Irène Bonnaud, metteuse en scène et traductrice ; Éric Didry, metteur en scène et Véronique Timsitt, collaboratrice artistique

Soirée modérée par Jean-Pierre Thibaudat, journaliste et écrivain

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Nicolas Bouchaud Le Méridien

nicolas-bouchaud-le-meridien-jean-louis-fernandez.jpg, par thierry

Après La Loi du marcheur, d’après les entretiens de Serge Daney, puis Un métier idéal, d’après John Berger et Jean Mohr, Nicolas Bouchaud et Éric Didry saisissent une fois encore, avec Le Méridien, un texte non destiné à la scène. Ils mettent en lumière les mots sombres et fulgurants de Paul Celan, que l’on considère comme l’un des plus grands poètes européens.

Cette rencontre est l’occasion d’en savoir plus sur le matériau du spectacle, ce discours intitulé Le Méridien, que le poète prononça le 22 octobre 1960 à Darmstadt, lors de la remise du prix Büchner. Ce texte finit par se confondre avec la tâche que Celan assigne au poème : créer un dialogue qui va d’un « Je » vers un « Tu », un langage de la proximité qui s’offre à l’Autre. « Je ne vois pas de différence entre une poignée de main et un poème », écrit-il dans une lettre à son ami le psychologue Hans Bender.

« Ce n’est pas rien, le chemin qu’est en train de tracer Nicolas Bouchaud dans le théâtre français. Un chemin totalement singulier qui, avec ce nouveau spectacle, Le Méridien, se dessine un peu plus nettement. Le Méridien, spectacle vraiment bouleversant par ailleurs, est le troisième solo que l’acteur Nicolas Bouchaud crée avec le metteur en scène Eric Didry, après La Loi du marcheur et Un métier idéal.
(...) Ce qui s’y dessine, c’est une figure nouvelle et passionnante d’acteur-créateur, d’acteur-penseur, d’acteur-chercheur qui endosse sur sa grande carcasse un certain nombre de questions anthropologiques devenues pour le moins aiguës, et fait du théâtre, son art, qu’il maîtrise sur le bout du doigt, une formidable chambre d’échos pour ces questions.
(...) Comment transmettre l’essence de l’expérience poétique, dans un monde où celle-ci ne subsiste plus qu’à l’état de traces, dans un monde d’après la Shoah qui semble avoir rendu cette expérience impossible ? Voilà ce à quoi s’est employé Paul Celan dans ce texte magnifique qu’est Le Méridien, en prenant appui sur Georg Büchner, sur ses pièces et sur ce si beau texte qu’est Lenz. Le poète juif de langue allemande, qui vit toute sa famille disparaître pendant la guerre, y suit la ligne de sa conception de la poésie comme « renverse du souffle », qu’il serait vain de tenter de résumer ici. La poésie n’y est plus une musique harmonieuse censée nous donner le sentiment de la beauté, mais un espace de perception du réel, qui ouvre sur une autre façon de le recevoir. »
Fabienne Darge Le Monde, 9 octobre 2015

« Pour Paul Celan, la réception du prix Georg-Büchner - plus haute distinction littéraire allemande - en 1960 fut d’abord une épreuve (…) Que lui, poète juif ayant fait le choix d’écrire dans la langue de l’ennemi, soit soudain reconnu par ce pays responsable de la mort de milliers des siens explique en partie ses sentiments mitigés. Intitulé le Méridien, le discours qu’il prononce lors de la remise du prix rend compte, à travers une réflexion de haute volée sur la difficulté de l’art - sous-entendu après la Shoah, Celan s’exprimant toujours par ellipses et par allusions -, de la complexité de sa situation. A notre connaissance, personne n’avait encore songé à faire entendre ce texte sur la scène d’un théâtre. On ne saurait donc trop saluer l’initiative de Nicolas Bouchaud, qui ne se contente pas de donner une simple lecture de cette œuvre difficile, mais va beaucoup plus loin en effectuant, avec le soutien du metteur en scène Eric Didry, un phénoménal travail de transmission (...) Le comédien doit impérativement faire siennes ces phrases heurtées, animées de l’intérieur par des tensions souterraines. Bouchaud réussit cet exploit de ne jamais perdre le spectateur. Il a saisi la dimension puissamment dramaturgique de ce texte écrit pour s’adresser à un public. »
Hugues Le Tanneur Libération, 22 octobre 2015

« Celan pour parler poésie s’appuie sur le théâtre de Büchner et en particulier sa pièce « La mort de Danton » (que Nicolas Bouchaud a joué). Il s’adresse à un public allemand lettré qui connaît bien l’auteur ayant donné son nom au prix, ce n’est pas toujours le cas pour le public français et l’acteur, avec raison, entre plus avant dans le corps de la pièce et dans d’autres textes de Buchner évoqués par Celan.
On jouit de la complémentarité de deux approches.
C’est en poète, avec ses fulgurances, ses raccourcis, ses sauts de l’ange que Celan s’enfonce dans les textes de Büchner, nullement en professeur explicateur ou dans un surplomb de philosophe. Terre à terre, dans l’argile compacte des mots.
C’est en acteur que Bouchaud aborde Celan, dans la respiration physique de son écriture qui procède par vagues pour ressaisir périodiquement son auditoire et avance par énigmes lumineuses en ferrant des formules. Une imprégnation par le souffle. »
Jean-Pierre Thibaudat, Mediapart.fr, 12 octobre 2015

2015-12-07T19:30:00
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