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Bernard Liebermann

BEN LOULOU, Didier ( 1958 )
Paris, France,
2005
Inv.
2005.47.045
Photographie
Dimensions :
H. 40,2 - L. 40 cm
Tirage en couleurs contrecollé sur aluminium
mahJ

Pour toute demande de reproduction veuillez contacter la photothèque.

Appartenance à un ensemble
Série « Rencontres »
Historique
« Je suis né dans le XIe à Paris.
Vous connaissez ce poème yiddish de Mordkhe Shtrigler : « Du bist gevezn, du bist farshvundn, ofn zaynen geblibn, dayne vundn » - « Tu as été, tu as disparu, et ouvertes encore sont tes blessures » ?
En 44, je me trouvais depuis huit jours dans une petite chambre, de un mètre sur un mètre vingt, à Aubusson dans la Creuse, et, à trois heures du matin, la porte s'ouvre. Dans l'embrasure, cinq personnes : deux soldats allemands, un type de la Gestapo avec le cuir, un mètre quatre-vingts, un milicien et le patron de l'hôtel. J'étais dans mon lit à poil, il commence à me parler en allemand d'une manière dictatoriale.
Je me suis dit : « Il faut que je sois convivial et neutre. » J'avais une âme de comédien… Il me parle, je suis sans aucun mouvement, ni de crainte, ni de parole, juste à écouter ce qu'il me disait. Il parle, il parle, et je regarde comme un imbécile. Je comprends chaque mot, mais le milicien traduit tout de même en français.
Il me demande qui je suis, et je leur dis : « Moi, je suis étudiant en droit à Lyon, j'étais fou amoureux d'une fille qui m'a lâché. J'avais envie de me foutre en l'air, alors un copain m'a dit de venir ici pour l'oublier, on mange bien, il y a du travail. »
Je suis toujours à poil sous les couvertures, je bouge pas, il crie : « Papiers ! » Je lui montre ma veste suspendue à l'entrée. Il sort ma fausse carte d'identité, où il y avait marqué: « Né à Mostaganem, Tunisie. »
Mais Mostaganem, c'est en Algérie : le garçon qui avait fait la carte s'était trompé, je ne l'ai su que trente ans plus tard! Ils n'y ont vu que du feu, au revoir et puis c'est tout ! »
Description
L'œuvre compose un diptyque avec l'inv. 2005.47.046