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L’an prochain à Jérusalem

Le texte biblique recommande aux Hébreux de s’acquitter trois fois par an d’un pèlerinage à Jérusalem.

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L'an prochain à Jérusalem

Les fêtes de pèlerinage

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Légende

Tableau pour marquer l'est (mizrah), Europe orientale, 2e moitié du XIXe siècle

À l’occasion de la pâque, qui tombe au début du printemps, de pentecôte, au début de l’été, et de la fête des Tabernacles, au début de l’automne, les hommes adultes se rendaient, depuis toutes les villes d’Israël et de la diaspora, à Jérusalem pour offrir des sacrifices, présenter des offrandes et se livrer à des réjouissances.

Selon la tradition, la Pâque juive (Pessah) célèbre la libération des Israélites de l’esclavage auquel ils avaient été soumis en Égypte. La veille de leur départ, ils offrirent en sacrifice un agneau, qu’ils mangèrent avec des herbes amères. Ils enduisirent de son sang le linteau et les montants de leurs portes pour désigner leurs maisons à la protection divine, alors que la mort s’abattait sur les premiers-nés des Égyptiens. Puis, sous la conduite de Moïse, ils partirent dans la précipitation, emportant des pains dont la pâte n’avait pas eu le temps de lever. La fête commence le 15 du mois de nissan et dure sept jours. La veille du premier jour, une cérémonie bien ordonnancée, le seder, réunit les membres de la famille autour du récit de la sortie d’Égypte (Haggadah). On mange des herbes amères en souvenir de la misère et de la dureté de l’esclavage ; pendant toute la durée de la fête, on ne consomme que du pain azyme (matsah) et des produits dans la composition desquels n’entre pas aucun levain. La Pâque marque aussi le début du printemps et donne lieu à des festivités liées à cette saison.

Le 6 du mois de sivan, à l’issue d’une période de sept semaines, on commémore, à Pentecôte (Shavou’ot ), la révélation divine sur le mont Sinaï et le don de la Loi (matan Torah) à Moïse. La nuit est consacrée à l’étude de la Torah, et le lendemain on lit les Dix Commandements (‘asseret ha-dibrot) dans une synagogue décorée et garnie de fleurs. Pentecôte est aussi la fête de la moisson, saluée en Israël par des processions agrestes rappelant celles des anciens Israélites, qui montaient en cortèges à Jérusalem pour offrir au Temple les prémices de leurs récoltes.

La fête des Tabernacles, Soukkot, célébrée à partir du 15 du mois de tishri – le premier mois de l’année juive – dure une semaine. Elle rappelle les quarante ans que les Israélites passèrent dans le désert après leur sortie d’Égypte, avant de gagner la Terre promise. Des cabanes sont construites dans les cours, sur les balcons ou les terrasses. Structures éphémères ou démontables, leur toit est fait de feuillage laissant apercevoir les étoiles. On y prend ses repas (au moins un par jour) dans une ambiance qui évoque la précarité de l’existence humaine. Dans les synagogues, on brandit des bouquets composés de quatre espèces précises (arba’ah minim) : une branche de palmier (loulav), trois brindilles de myrte (hadass), deux branches de saule (‘aravah) et un citron aromatique, le cédrat (etrog). Le bouquet est agité vers les quatre points cardinaux successivement. Le septième jour de fête, Hosha’na Rabbah, les fidèles forment des processions et le bouquet des quatre espèces laisse sa place à des branches de saule dont on frotte le sol pour en arracher des feuilles. Le huitième jour, consacré à la Joie de la Torah (Simhat Torah), conclut le cycle annuel de la lecture de la Torah et en entame un nouveau. Tous les rouleaux de la Loi sont sortis de l’arche et portés par les fidèles en sept tours autour de l’estrade.

Jérusalem

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Cabane pour la fête des tabernacles (soukkah) 5

Cabane pour la fête des tabernacles (soukkah)

Vers l’an 1000 avant notre ère, le roi David, soucieux d’assurer l’unité des douze tribus israélites sous son pouvoir, établit sa capitale dans une petite ville autonome des monts de Judée et y installe l’Arche d’Alliance (Aron ha-’Edout, littéralement « Arche du Témoignage »), où sont conservées les Tables de la Loi (Louhot ha-Brit, littéralement « Tables de l’alliance »). Son successeur, le roi Salomon, y construit un temple qui achève de sceller l’alliance entre Jérusalem et Dieu. Détruite une première fois par les Babyloniens (en 585 avant notre ère), la cité est restaurée par le prêtre Ezra (Esdras le scribe) et Néhémie (Nehemiah), le gouverneur réformateur envoyé en Judée par Artaxerxès II dans la première moitié du IVe siècle avant notre ère. Plus tard, le roi Hérode (40-3 avant notre ère) rebâtit le temple pour en faire une des splendeurs de l’Antiquité. Jérusalem devient un haut lieu de sacrifices et de pèlerinages, un centre spirituel où les hommes débattent de Dieu et de sa Loi, et poursuivent le salut de l’humanité. Mais elle est détruite une seconde fois par les Romains (en l’an 70) et ses défenseurs sont dispersés hors de leur patrie. Dès lors, ces exilés ne cesseront de caresser le rêve de la restauration de la cité, cultivant dans leur mémoire collective et individuelle l’image d’une Jérusalem céleste, et espérant son accomplissement dans la Jérusalem terrestre. Ils la considèrent désormais comme le nombril du monde destiné à recevoir le Messie et à devenir une « ville de justice », « ville de beauté », « ville de vérité » et « ville de Dieu ».

Dans leurs maisons et leurs synagogues, les juifs marquent la direction de Jérusalem et se tournent vers elle dans leurs prières ; dans leurs actions de grâces, ils demandent sa reconstruction, répétant inlassablement le célèbre verset des Psaumes : « Si je t’oublie, Jérusalem, que ma droite m’oublie » (137, 5). Ils ne marquent pas moins de trois journées de jeûne annuelles pour porter son deuil et ne concluent pas la cérémonie de la Pâque et le service du jour du Grand Pardon (Yom Kippour) sans déclarer : « L’an prochain à Jérusalem. » Pendant des siècles, quand ils en avaient la possibilité, ils choisissaient de mourir à Jérusalem pour être enterrés sur le mont des Oliviers, au pied duquel devait se produire la résurrection des morts et vers lequel devaient converger toutes les nations de la terre.

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