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La Bible d'Albe. Tolède 1422-1433

Conférence de Sonia Fellous, Institut de recherche et d'histoire des textes, CNRS

Dans le cadre du cycle Art et archéologie du judaïsme

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Traduction en castillan des vingt-quatre livres de la Bible hébraïque, la Biblia de Alba fut commandée en 1422 au rabbin Moïse Arragel de Guadalajara par Luis González de Guzmán, grand maître de l’ordre de Calatrava, un ordre militaire et religieux chargé de la reconquête de l’Espagne sur l’Islam. Souhaitant se plonger dans la lecture de la Bible des Juifs, cet éminent personnage doté d’un grand pouvoir politique demanda que le texte soit traduit en castillan, et accompagné de luxueuses miniatures. À la demande de son commanditaire, le rabbin Arragel a juxtaposé au texte biblique de très nombreux commentaires rabbiniques. Mais le texte qui nous est parvenu contient aussi ceux des Pères de l’Eglise lorsque les dogmes juif et chrétien s’opposent. Parmi les trois cent vingt-quatre miniatures qui ornent le texte et les marges de l’ouvrage, nombre d’entre elles, influencées par les sources rabbiniques, ont parfois provoqué la réaction du superviseur chrétien de cette œuvre qui a inscrit ses remarques à côté des textes ou des images concernés. En signalant ainsi les divergences d’interprétation, il permet au lecteur de discerner « à première vue » ce qui procède d’une collaboration forcée et ce qui y échappe. D’autres annotations marginales apportent des informations sur le travail conjoint des artistes et du maître d’œuvre ou sur le devenir de cette œuvre. Mais le silence des marges, en particulier dans le livre d’Esther, est aussi révélateur de la régression du dialogue religieux en péninsule ibérique après les émeutes antijuives de 1391 et la dispute de Tortose qui conduisit des milliers de juifs à la conversion forcée ou à l’exil.